Pourquoi un partenariat entre SAF France et Prévention et Modération ?

Cher(e)s tous,

La publication récente dans la presse et sur les réseaux sociaux, par l’association de producteurs de boissons alcoolisées « Prévention et Modération » d’un communiqué mentionnant le partenariat avec SAF FRANCE et les quelques réactions que cela suscite, nécessite quelques clarifications.

Depuis deux ans, nous sommes en relation avec les représentants des producteurs de boissons alcoolisées. Ceux-ci ont pris contact avec SAF FRANCE à la suite d’une injonction du Président de la République qui leur avait demandé de travailler de façon réelle à la prévention des effets nocifs liés à la consommation d’alcool. Un accord de partenariat a ainsi pu être trouvé, laissant notre association libre quant à notre mode d’action et aux messages que nous voulons faire passer.

Cependant nous comprenons les interrogations autour de cette association. C’est pourquoi nous souhaitions dans ce courrier, vous partager les raisons qui nous ont amené à accepter ce partenariat :

  1. Il nous semble être à ce jour la seule solution réaliste et efficace pour que notre message soit entendu et largement diffusé, incitant ainsi les pouvoirs publics à enfin prendre leurs responsabilités.
  2. Devant ce fléau qui hypothèque la société de nos enfants et petits-enfants, il y a aujourd’hui une co-responsabilité* de l’ensemble des parties concernées qui ne reconnaissent toujours pas le problème.
  3. Nous, familles expertes, professionnels de la santé, du social, de l’éducation, de la justice, lançons un cri d’alarme face à l’action trop timide vis-à-vis de ce problème. 

Les experts de SAF France travaillent depuis 30 ans sur le SAF et autres TCAF qui touchent au moins un bébé chaque heure en France

  • Dès 2004, ces experts, en appui scientifique de la Sénatrice Anne-Marie Payet dans les commissions parlementaires, convainquent le gouvernement de se préoccuper de ce problème de Santé publique. Ils sont à l’origine des 4 lois A.M. Payet dont l’apposition du logo sur les bouteilles d’alcool. Cependant, la bataille de la taille du logo sur les bouteilles n’est pas à la hauteur des enjeux.
  • En 2005, ils obtiennent le prix national de lutte contre l’alcoolisme pour un modèle de prévention secondaire (REUNISAF) auprès des femmes malades de l’alcool.
  • Pour vaincre le déni et les méconnaissances, SAF France invite les meilleurs experts mondiaux lors de 3 colloques internationaux en France et organisent une mission exploratoire au Canada en 2015 avec INPES, CNSA, MILDT, afin de montrer une approche préventive globale (sanitaire, sociale, scolaire et judiciaire) coordonnée par un Centre Ressource spécifique.
  • SAF France est ainsi à l’origine des deux premiers centres ressources expérimentaux en France, malheureusement développés avec une vision trop sanitaire et trop centrée sur les addictions.
  • Depuis 2007, tous les ministres de la santé ont été interpellés ainsi que certains autres ministres concernés (Éducation Nationale, Justice) et les président(e)s de la MILDT et la MILDECA sans aucun engagement fort depuis 12 ans.

 

Le SAF et les TCAF concernent au moins 650 000 français. Plus de 400 pathologies sont liées à l’exposition in utéro à l’alcool et cela coûte près de 10 milliards d’euros à la France chaque année.

Et tout cela est totalement évitable.

Les familles concernées et SAF France ont lancé le SAFTHON depuis 3 ans car rien n’est fait ou trop peu pour diagnostiquer, accompagner et surtout prévenir.

Nous demandons, comme le souhaite l’Académie Nationale de Médecine, d’en faire une grande cause nationale et de mettre en place un programme global** avec entre autres un centre ressource dans chaque région française sur le modèle canadien.

Nous ne pouvons plus attendre et en cela nous acceptons l’aide de toutes les personnes qui souhaitent venir à bout de ce fléau pour le droit des femmes et des enfants. Il y a urgence, nous n’attendrons plus.

Collectivement votre,

 

Dr Denis Lamblin

Président

 

*Charte internationale pour la prévention de l’Ensemble des Troubles Causés par l’Alcoolisation Fœtale

** Synopsis envoyé à Mme Agnès BUZYN en Septembre 2017